Comment s'organise la vie à l'oeuvre en ce temps de confinement ?

Un message de Didier ROCCA aux membres de la fraternité donne des nouvelles et il y joint en cadeau un texte pour enrichir notre réflexion.

A partager sans modération

Bonsoir à tous, quelques nouvelles de la communauté.
Depuis plusieurs jours, comme vous autres, nous voilà confinés.
Nous nous muons petit à petit en moines :
Laudes suivies de l'oraison le matin
Frère Olivier s'occupe des courses
Frère Didier s'occupe du linge
Préparation du repas par Frère Robert
Office du milieu du jour
Repas puis café offert préparé par Paul Boni et servi chez lui
Le vendredi, chemin de croix. Le samedi, chapelet.
Office du soir suivi de la messe
Repas
Complies et chacun retourne dans sa cellule.

Des jeunes accompagnés par leurs parents viennent à l'oeuvre pour 1h de détente.
Le planning est vite rempli. Cela fait un peu, très peu de bruit dans la cour.
L'Oeuvre garde sa raison d'être même en cette période troublée.

Nous  vivons au jour le jour dans la joie et la simplicité.
Nous ne connaissons pas plus que vous l'avenir. Combien de temps ? Jusqu'à quand ?
Nous vous renouvelons nos prières pour vous et vos familles.
Paul vous propose une télé-homélie. Allez voir sur le site de l'Oeuvre, cela peut nourrir votre prière dominicale.

Fraternellement

Didier

En cadeau, un petit texte qui était adressé aux religieux mais qui peut être accueilli par chacun d'entre nous.
 

Malgré les beaux jours, nous sommes en pleine tempête. Celle-ci est sournoise car invisible et tapie.
Mais elle est bien réelle et pour beaucoup, en ce monde et dans notre pays elle les a déjà atteints de plein fouet, avec son cortège de douleurs et de questions.
Beaucoup de personnes seront toutes ces semaines en jeûne eucharistique. Un jeûne qui va nous faire souffrir. 
Qu’il soit le levier pour une communion plus profonde avec ce peuple invisible qui se tient en chacun de nous et dans le cœur de nos communautés. C’est le moment de l’élargir encore.

La fraternité

Il ne s’agit pas de combattre l’expansion du virus seulement pour nous-même, mais au nom de la fraternité, au nom du souci d’autrui, des plus fragiles d’abord de nos sociétés.
Malades, migrants, sans domiciles, personnes pauvres et bien d’autres.
Nos sociétés, nous-mêmes peut-être, nous mettons habituellement des femmes et des hommes, des groupes humains en quarantaine, au loin.
Parfois nous en faisons des boucs-émissaires. Notre histoire, y compris religieuse, en porte les stigmates, aujourd’hui toujours.

La « quarantaine » nécessaire où il nous est demandé d’être désormais, pourrait alors avoir cette vertu spirituelle
de nous rapprocher par la foi et par le cœur de tous ces visages vulnérables, rejetés, laissés pour compte, et de tous les souffrants.

L’hospitalité

Nous qui aimons tant l’hospitalité, première vertu biblique, rendons la créative.

Aujourd’hui, il nous faut impérativement trouver d’autres formes de visites, de soutien, de compagnonnage.
Non seulement pour les protéger, mais pour veiller aussi sur ceux avec qui nous vivons et qui travaillent auprès de nous.
Trouver des manières qui signifient notre amitié et notre soin. Notre capacité d’humanité doit se tenir déterminée dans ce combat de longue haleine.
Non en défiant un virus qui n’en a cure, mais en étant à nos modestes mesures, de petits laboratoires sans prétention de cette créativité du lien.

Dans cette hospitalité de la foi incarnée, n’oublions pas non plus les services de l’État, eux aussi sur le pont sans relâche, de même que ceux des municipalités.
Toutes ces femmes et tous ces hommes sont à notre service. Tous font face à un inédit depuis bien longtemps, à cette échelle, qui chamboule toute la société et tout dans nos sociétés.
L’heure n’est pas aux conjonctures politiques, pas davantage de se transformer chacun en directeur général de la santé. Plus tard les bilans seront tirés.
Pour le moment, les soutenir c’est vouloir que notre démocratie, la façon dont nous sommes viscéralement attachés à la liberté, à la dignité,
à l’égalité et à la fraternité puissent rester debout dans cette crise sans précédent et l’emporter. Puissions-nous signifier notre gratitude aux uns et aux autres.

La compassion

Notre tradition biblique nous apprend que les fléaux ne sont jamais loin. Elle nous raconte aussi que l’humain met du temps, 40 jours,
40 ans, pour trouver son chemin, changer sa vie, son cœur. C’est l’heure de s’ouvrir davantage, d’élargir l’espace de sa tente intérieure.

Ces semaines sombres, nombre de personnes sont et seront en effroi, en détresse, sans plus de points d’appui.
En Église, il nous faut trouver comment les soutenir, alors même que nous ne pourrons les rejoindre physiquement,
ce que nous faisons habituellement, pour beaucoup d’entre nous, en les visitant, les accompagnant.
Manifester notre écoute, notre proximité bouleversée, notre foi humble et tenace est une priorité.
Le soutien spirituel et humain ne peut s’interrompre, bien au contraire, quand des personnes et des familles vont en avoir
d’autant plus besoin que les lieux habituels, aumôneries, paroisses, ne peuvent plus répondre autant.
Le service de l’Église, aujourd’hui plus qu’hier encore, doit être celui de la compassion à quiconque en a besoin.
À nous ensemble d’en inventer une nouvelle forme, au service de tous dans ces temps de grande épreuve pour beaucoup.

Sr Véronique Margron, op.

Présidente de la CORREF